Le Cantique de Jean Racine (Gabriel Fauré)

Le Cantique de Jean Racine (Opus 11) est une pièce vocale composée en 1864 par Gabriel Fauré, alors âgé de 19 ans. Écrite à l’origine pour chœur (soprano, alto, ténor et basse), quintette à cordes et harpe, puis dans une version avec piano ou orgue, cette pièce se situe dans la tonalité de ré bémol majeur. Cette œuvre présente un caractère solennel.
Après une introduction jouée au piano (ou à l’orgue), le chœur entre pupitre par pupitre.
À la quarantième mesure, après un pont instrumental, une partie centrale modulante intervient en la bémol majeur (puis si bémol mineur), où l’œuvre atteint son plus haut niveau expressif.
Par un retour lent et solennel, la pièce évolue ensuite vers son caractère initial.
Le texte de Jean Racine (1639-1699) est en fait une paraphrase de l’hymne Consors paterni luminis datant du Moyen Âge. Attribuée à Saint Ambroise, elle était chantée au début des matines (ou vigiles) de la férie tierce (c’est-à-dire du mardi).
Les paroles en français sont les suivantes :
Verbe égal au Très-Haut, notre unique espérance,
Jour éternel de la terre et des cieux,
De la paisible nuit nous rompons le silence :
Divin Sauveur, jette sur nous les yeux.
Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;
Que tout l’enfer fuie au son de Ta voix ;
Dissipe le sommeil d’une âme languissante
Qui la conduit à l’oubli de Tes lois!
Ô Christ ! sois favorable à ce peuple fidèle,
Pour Te bénir maintenant assemblé ;
Reçois les chants qu’il offre à Ta gloire immortelle,
Et de Tes dons qu’il retourne comblé.

 

On peut y percevoir un jansénisme(1) latent : la paternité divine n’est pas mentionnée explicitement chez Racine alors que l’original en parle deux fois. Là où l’hymne exhorte le croyant à se réveiller au cœur de la nuit pour prier et y chasser la pesanteur d’un sommeil pouvant mener à l’acédie (2), Jean Racine y voit le poids du péché. Enfin, si la lumière baigne la première strophe latine, écho du lumen de lumine du Credo, le texte français n’évoque que le jour éternel. Ces différences font ressentir un salut moins proche et un Dieu plus lointain dans la bouche de l’auteur du XVIIe siècle que dans l’original médiéval.
(1) Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal.
(2) Dans la religion catholique, l’acédie est un mal de l’âme qui s’exprime par l’ennui, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle. L’acédie peut être une épreuve passagère, mais peut être aussi un état de l’âme qui devient une véritable torpeur spirituelle et la replie sur elle-même. C’est alors une maladie spirituelle.Pour l’Église catholique romaine, en théologie morale, l’acédie est l’un des sept péchés capitaux.

 

Ce texte a été extrait de wikipedia le 01 avril 2012 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cantique_de_Jean_Racine_(Fauré)